Estimation de la prévalence des filles et femmes excisées ayant subi ou à risque de subir une mutilation génitale féminine vivant en Belgique, 2018
Mise à jour le 4 février 2019.
Justification de l’étude
Selon l’UNICEF, au moins 200 millions de filles et de femmes vivant actuellement dans 30 pays d’Afrique, du Moyen-Orient et d’Asie ont subi une forme de mutilation génitale : clitoridectomie, excision ou infibulation (1). Les mutilations génitales féminines (MGF) sont une violation des droits humains et une forme de violence basée sur le genre pouvant engendrer de nombreuses complications physiques et psychologiques tout au long de la vie. Pour les familles établies en Europe, la pratique continue, dans des proportions moindres, lors de vacances dans le pays d’origine ou sur le territoire du pays d’accueil. La Belgique a voté en 2001 une loi spécifique punissant l’excision (Art.409 du code pénal). Le problème a plusieurs composantes, car il s’agit non seulement de protéger les filles qui sont à risque de subir cette pratique mais aussi de prendre en charge les complications gynéco-obstétricales et psychosexuelles que peuvent présenter les femmes excisées.
La dernière étude de prévalence portait sur la situation au 31 décembre 2012. Elle avait montré un doublement de la prévalence en 5 ans avec une estimation de 13 112 filles et femmes déjà excisées et 4 084 à risque (5).
Ces deux dernières années, la Belgique a dû faire face à une crise migratoire avec un afflux de familles syriennes et irakiennes mais aussi des familles d’Afrique de l’Est comme la Somalie et l’Erythrée, pays à forte prévalence de MGF. Une nouvelle étude était nécessaire pour mettre à jour les données qui permettront de mieux cibler les actions des services impliqués dans la protection des filles et la prise en charge des femmes excisées.
Objectifs de l’étude
Cette étude quantitative vise à actualiser les données de 2012 sur la prévalence des mutilations génitales féminines en Belgique.
Les objectifs de cette étude sont de mettre à jour les données sur :
• Le nombre de filles et femmes excisées qui vivent en Belgique
• Le nombre de filles à risque d’excision qui vivent en Belgique
• La population cible des différents services médico-sociaux concernés par les mutilations génitales féminines.
Résultats
Au 31 décembre 2016, 70 576 filles et femmes originaires d’un pays où se pratique les mutilations génitales féminines résidaient en Belgique. Parmi elles, 25 917 sont concernées par les mutilations génitales féminines (soit déjà excisées, soit à risque) dont 9 164 mineures (moins de 18 ans). Dans l’hypothèse moyenne (intacte si arrivée avant 5 ans et excisée si arrivée après 5 ans), 17 575 filles et femmes excisées vivent en Belgique et 8 342 sont intactes mais à risque d’excision si aucun travail de prévention n’est effectué. Les cinq nationalités les plus représentées sont la Guinée, la Somalie, l’Egypte, l’Ethiopie et la Côte d’Ivoire. La Flandre est la région la plus affectée par la problématique avec plus de 11 000 filles et femmes excisées ou à risque contre 8 000 en Région Bruxelles-Capitale et 5 500 en Région Wallonne. Chaque année, il y a 1 419 femmes excisées nécessitant une prise en charge appropriée qui accouchent dans une maternité belge.
A télécharger ici : 20190204_FGM_PrevalenceStudy_Update_FR (V2, février 2019, version courte)
En contribution à votre article : plasticienne engagée, j’ai réalisé une oeuvre sur le sujet des mutilations sexuelles intitulée « Infibulation », que j’ai pu présenter à 400 lycéens français pour la Journée des Femmes 2018 et 2019. Le dialogue fut incroyable avec des élèves qui découvraient cette pratique barbare.
Quand l’art permet de parler directement des MGF et d’ouvrir le débat.
A découvrir : https://1011-art.blogspot.fr/p/blog-page.html
Mais aussi une oeuvre plus pudique intitulée « Noli me tangere » sur l’inviolabilité du corps de la femme : https://1011-art.blogspot.fr/p/noli-me-tangere.html