Trois millions de fillettes et jeunes filles sont soumises chaque année à la pratique des mutilations génitales féminines au nom de la tradition, c’est une
atteinte aux droits humains les plus fondamentaux (droit à la santé, droit à l’intégrité physique) et une violence de genre. Si l’Afrique est le continent le plus touché, les MGF se pratiquent également au Moyen-Orient, en Asie et dans les pays de migration pour ces ressortissants et leurs enfants. En raison de la nature complexe des MGF qui sont profondément ancrées dans la culture des communautés qui les pratiquent, il s’est avéré que les actions les plus efficaces prennent en compte plusieurs stratégies notamment l’intégration et la participation des jeunes. En Belgique, de nombreux acteurs de terrain en contact avec les enfants jouent un rôle essentiel de prévention, de dépistage et de prise en charge.
Méthodologie
Cette étude se penche sur les expériences et pratiques professionnelles des acteurs de terrain de la Fédération Wallonie-Bruxelles en contact avec les enfants des communautés qui pratiquent les MGF, sur les facteurs facilitants et les difficultés rencontrées tant au niveau institutionnel que personnel lors des interventions, et sur les possibilités qu’ils envisagent pour les améliorer. Il s’agit d’une étude descriptive qui repose sur l’analyse d’entretiens d’acteurs de terrain réalisée début 2013. Une revue de la littérature internationale concernant des stratégies innovantes dans ce domaine complète la recherche dans le but de renforcer les actions menées en Fédération Wallonie-Bruxelles.
Résultats
Les acteurs de terrain sont amenés à rencontrer des filles à risque ou victimes de MGF dans leur cadre professionnel sans pour autant avoir les connaissances adéquates sur le sujet. Un manque de collaboration entre les acteurs qui sont en contact avec les enfants (par exemple entre une équipe de Promotion de la Santé à l’Ecole et la direction d’une école) ampute la qualité des stratégies mises en oeuvre. Le caractère intime et culturel des MGF engendre des réactions de peur et de craintes chez les acteurs. Néanmoins, l’existence de supports pédagogiques et de formations sur la multi culturalité ainsi que l’appui des pairs sont des leviers nécessaires pour les interventions menées auprès des enfants. Des pistes innovantes ayant su faire leurs preuves dans certains pays d’Afrique comme la participation des jeunes dans les campagnes de sensibilisation sont mises en avant pour contribuer à l’amélioration des interventions présentes et futures dans la Fédération Wallonie-Bruxelles.
Conclusion
Sur base des leviers et freins rencontrés par les intervenants susceptibles d’aborder la problématique des MGF et à la lumière des initiatives déjà mises en évidence dans d’autres pays, des recommandations ont été mises en évidence pour être appliquées aux stratégies de prévention et promotion de la santé menées auprès des enfants et présentes en Fédération Wallonie-Bruxelles afin de les rendre plus efficaces. Elles pourront servir aux associations GAMS et INTACT qui élaborent un protocole dans ce sens.
Télécharger