Dans le cadre du projet ACCESS, le GAMS Belgique, Médicos del Mundo (Espagne) et FORWARD UK (Royaume-Uni) proposent des permanences en ligne dans différentes langues. L’objectif est de faciliter l’accès aux services de soutien pour les femmes migrantes confrontées aux violences de genre qui ne parlent pas nécessairement les langues nationales. Derrière le tchat d’ACCESS se trouvent des personnes comme Jessica, travailleuse sociale, et Mashaer, relais communautaire.
Qu’est-ce que le projet ACCESS ?
Le projet européen ACCESS vise à améliorer la prévention, la protection et le soutien des femmes migrantes en Europe confrontées à différents types de violence basée sur le genre (VBG). Il a été lancé par 3 ONG, à savoir GAMS Belgique, FORWARD Royaume-Uni et Médicos del Mundo (Espagne).
Lutter contre les MGF et autres types de VBG qui touchent les femmes migrantes
Jessica Tatout est assistante sociale au GAMS Belgique, une ASBL belge qui lutte contre les mutilations génitales féminines (MGF) en Belgique et dans le monde. « Bien que le GAMS soit spécialisé dans les questions liées aux MGF, nous avons remarqué que les femmes touchées par les MGF sont généralement aussi confrontées à d’autres types de VBG comme le mariage forcé, mais pas seulement. Les femmes migrantes se heurtent à des obstacles pour obtenir un soutien adéquat. Elles ne connaissent pas toujours les services de soutien. Faciliter l’accès à ces services de soutien est l’objectif principal d’ACCESS. »
Travailler avec les communautés
Le GAMS Belgique est connu pour son approche communautaire, et cela s’applique au projet ACCESS. Les relais communautaires jouent un rôle clé dans la sensibilisation et la facilitation de l’accès au soutien. Jessica explique : « Nous travaillons depuis longtemps avec des relais communautaires sur les questions liées aux MGF, car nous savons que c’est le moyen le plus efficace de toucher les communautés concernées et de les sensibiliser. »
Mashaer Hassan Mohammed Ali est une relais communautaire ACCESS. Elle est titulaire d’un Master en Paix et Développement et a 16 ans d’expérience de travail dans des ONG au Soudan. Elle est réfugiée depuis 2013. « Je milite depuis longtemps pour les droits des femmes. J’ai toujours été une défenseuse des droits humains, avec un grand intérêt pour les droits des femmes et les questions liées au genre. J’ai moi-même été confrontée à l’excision et je voudrais participer à l’autonomisation des femmes contre toutes sortes de VBG. »
Autonomisation des femmes migrantes
Mashaer pense que le chat ACCESS peut être un outil puissant pour les femmes migrantes. « Nous pouvons aider les femmes migrantes victimes de toutes sortes de VBG. Nous pouvons les écouter, leur donner des conseils basés sur nos connaissances sur les problèmes de violences de genre et les aider à trouver un soutien adéquat. » Mashaer est en mesure de dialoguer en arabe, mais les sessions en ligne sont programmées dans différentes langues. Le calendrier se trouve sur la page web du chat ACCESS.
Et comment fonctionne le tchat ACCESS ?
« Une fois que la personne a rejoint le tchat, nous commençons par les présentations. Nous faisons une petite introduction sur ce que nous faisons », révèle Jessica. « Le tchat peut être anonyme. La caméra peut être éteinte et nous pouvons même utiliser l’outil ‘texte’. Nous expliquons aussi que ce qui se dira est confidentiel. Ensuite, nous discutons de la situation de la personne et de ses attentes. Nous essayons d’instaurer la confiance. Nous pouvons utiliser la cartographie ACCESS des services de soutien dans les trois pays. Cette cartographie nous aidera à trouver où la personne peut se rendre. »
Ces séances en ligne sont confidentielles mais diffèrent de la thérapie ou des rendez-vous avec les services sociaux. « C’est plutôt un outil qui permet d’avoir un premier contact pour exprimer ses sentiments et discuter des actions possibles », explique Jessica. « D’après mon expérience, il est particulièrement difficile pour les femmes migrantes en situation irrégulière (‘sans-papiers’) de trouver un soutien adéquat en Flandre. Je suis heureuse d’aider ces femmes à trouver de l’aide, quel que soit leur statut administratif et leurs autres difficultés. »
« Le seul problème peut être technique… Nous dépendons beaucoup de la qualité de la connexion internet. Parfois, la communication est mauvaise, et certaines informations sont omises. Comme pour tout autre tchat vidéo », rit Mashaer. Il est donc important d’avoir une connexion internet adaptée.
Ensemble contre la violence
Au Soudan, Mashaer a tenté à plusieurs reprises d’aider les femmes confrontées à différents types de violences, dont les MGF. « Mais la violence ne se limite pas à nos pays d’origine. Je connaissais une fille qui vivait à Ostende avec sa famille. Un jour, son mari a décidé qu’il retournerait au Soudan et a kidnappé ses enfants. C’était néfaste. Je sais que le tchat en lui-même ne va pas résoudre de telles situations immédiatement, mais il peut aider à trouver quelqu’un pour écouter votre histoire et vous aider à trouver de l’aide. »
Article par Daniela Bishop.