Le rôle de la médecine scolaire dans la prévention des mutilations génitales féminines : Les bonnes pratiques et défis du Service de PSE (Promotion de la Santé à l’École) de Verviers

Cette semaine, le Réseau des Stratégies Concertées de lutte contre les mutilations génitales féminines va à la rencontre de Aline Bounameau infirmière au service PSE de Verviers.

L’A.S.B.L. Le Bien-Être Social – Service de Promotion de la Santé à l’École (PSE) de Verviers joue un rôle crucial dans la promotion du bien-être des élèves. En sensibilisant les parents et les acteurs scolaires aux enjeux de la santé des jeunes, le PSE de Verviers contribue à créer un environnement scolaire sain et favorable. Situé à Verviers, le PSE fonctionne comme un centre de suivi médical pour les élèves et un point de référence pour les programmes de promotion de la santé. Le service assure un suivi médical régulier, des bilans de santé, des vaccinations, ainsi que la prévention et le dépistage des maladies transmissibles. Depuis la réforme de l’État en 2015, sous la gestion de l’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), le PSE de Verviers a amélioré continuellement les services offerts aux élèves. En collaboration avec les centres psycho-médico-sociaux (PMS), il assure une prise en charge globale des besoins des élèves. Le PSE de Verviers met également en place des programmes visant à promouvoir un environnement scolaire sain et sensibiliser la communauté éducative aux questions de santé et de bien-être.

Bonjour Aline, pouvez-vous vous présenter ?

 

Je suis Aline Bounameau, infirmière depuis une trentaine d’années, dont plus de 20 ans au Service de Promotion de la Santé à l’École (PSE). Notre mission inclut les bilans de santé, les vaccinations et la promotion de la santé à l’école pour le bien-être des élèves. Je travaille principalement avec des élèves du secondaire et du supérieur, y compris des classes DASPA (Dispositif d’Accueil et de Scolarisation des élèves Primo-Arrivants).

Comment le service a-t-il été sensibilisé aux mutilations génitales féminines (MGF) ?

Notre équipe a suivi les modules de formation sur les MGF proposés par le GAMS Belgique en octobre 2022. Ces formations nous ont permis de comprendre le rôle que le PSE peut jouer en matière de détection et de prévention des risques de mutilations génitales féminines.

Pouvez-vous partager l’expérience de votre service lors de la gestion de votre premier cas de signalement de mutilations génitales féminines (MGF) ?

En mars 2023, lors des visites médicales scolaires, nous avons rencontré Marie (prénom d’emprunt), une élève d’origine somalienne. Elle prenait beaucoup de temps aux toilettes pour fournir un échantillon d’urine, ce qui a attiré notre attention. Lors de son examen médical, divers problèmes médicaux ont été détectés, mais l’excision n’a pas été abordée à ce moment-là.

Nous avons par la suite contacté le GAMS Belgique pour gérer ce cas de manière appropriée. Mme Lumeka nous a guidés sur la collecte des données nécessaires et nous a assistés lors d’un entretien avec les parents, où une travailleuse interculturelle somali du GAMS Belgique était également présente. Les parents se sont montrés très réceptifs et ont accepté la prise en charge proposée par le GAMS Belgique.  Il s’est avéré qu’a la suite de cet entretien avec toutes les parties, ni la jeune fille en question ni les autres filles de la fratrie n’avais pas subies d’excision selon les examens médicaux réalisé.

Cette collaboration a été cruciale pour assurer le bien-être de l’élèves et sensibiliser la communauté scolaire à cette problématique.

Réflexion et mise en œuvre d’un projet pilote

Après cette expérience positive, nous avons réfléchi à la mise en œuvre d’un projet pilote de prévention des MGF au sein de notre service. Nous avons réalisé que le PSE était en première ligne pour identifier les jeunes filles à risque de MGF. Nous avons collaboré avec les enseignants et le GAMS Belgique pour sensibiliser et identifier les jeunes filles concernées lors des visites médicales.

Quelles leçons avez-vous tirées de cette expérience ?

Il est essentiel de se former adéquatement pour comprendre et identifier les risques de MGF. Il est important de respecter les limites du rôle du PSE, tout en abordant le sujet directement avec les jeunes filles. Jusqu’à présent, les jeunes filles se sont montrées réceptives et contentes que l’on aborde ce sujet avec elles.

Quelle est la demande de votre service PSE pour renforcer les services de première ligne ?

Lors des sensibilisations des jeunes filles aux MGF, nous remettons les différentes brochures du GAMS Belgique. Une lettre d’accompagnement et une note explicative en français et dans la langue parlée des parents sont très utiles. Par ailleurs, Il serait bénéfique pour nous de savoir si la jeune fille identifiée est déjà prise en charge par le GAMS, pour éviter les redondances et concentrer nos efforts sur celles qui ne sont pas suivies.

Quels sont les défis qui persistent ?

Le suivi des familles référées et les contraintes de temps limitent notre capacité à assurer un suivi complet et approfondi des cas référés. Cependant, nous restons déterminés à sensibiliser et à identifier les jeunes filles à risque de MGF, en collaboration avec le GAMS Belgique.

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