Lecture faite par | Florine Hinnion, étudiante |
Genre | Rapport de recherche |
Public visé | Le monde scientifique, les intervenantEs de terrain et les autorités politiques |
Notions clefs | Excision, migration, Belgique francophone |
DIELEMAN Myriam, Excision et Migration en Belgique francophone: Rapport de recherche de l’Observatoire du sida et des sexualités pour le GAMS Belgique, Bruxelles, Ed. GAMS Belgique, 2010
Situer l’auteure
Socio-anthropologue, chercheuse et directrice de l’Observatoire du sida et des sexualités.
Déterminer le sujet
Le rapport de recherche Excision et Migration en Belgique francophone cherche à discerner et évaluer l’influence qu’a la migration sur la pratique de l’excision afin de comprendre les motifs qui contribuent à l’abandon ou à la continuation de cette pratique au sein des communautés migrantes d’origine subsaharienne.
Le rapport tend donc à découvrir « quels sont les facteurs de changement induits par la migration et dans quelle mesure celle-ci favorise-t-elle une continuité ou l’abandon des pratiques de l’excision ».
De là découlent quatre interrogations de départ:
- Y-a-t-il des excisions en Belgique?
- Quelles sont les finalités et les significations de l’excision pour les acteurs concernés?
- Quelles sont les ressources et les obstacles à l’abandon de ces pratiques?
- Quels sont les différents contre-effets de ces dispositifs?
Cependant, le livre stipule bien que, cette enquête exploratrice souffre de plusieurs biais et limites qui doivent mener à la plus grande prudence dans l’usage et dans la généralisation des résultats.
Résumé
Le résumé ne concerne que les chapitres IV (prérequis sociodémographique et sanitaire sur les MGF), V (Prévenir, réprimer, protéger: action publique et mutilations génitales), VI (Des cas de mutilations en Belgique), VIII (Point de changement sans continuité: abandonner l’excision dans la migration) du livre.
En 2008, l’OMS (organisation mondiale de la santé) estime que, de par le monde, quelque 100 à 140 millions de femmes âgées de 15 à 49 auraient subi une mutilation sexuelle de types 1 à 3 (clitoridectomie, excision et infibulation).
Des cas de mutilations sexuelles féminines sont recensés par l’OMS dans 28 pays d’Afrique subsaharienne, ainsi que plus secondairement dans la Péninsule Arabique et au Moyen-Orient. Des cas ont également été signalés en Amérique latine et en Asie.
En Belgique, on dénombrait pour l’année 2008, 22 840 femmes et filles originaires de pays où l’excision est pratiquée. Parmi elles, 6 260 femmes étaient très probablement excisées et 1 975 à risque de l’être. La Région wallonne compte 1 648 femmes et filles excisées ou à risque de l’être. Elle est précédée par la Région Bruxelles-Capitale (3 037) et la Région flamande (3 550).
Il existe des rumeurs selon lesquelles des exciseuses pratiqueraient sur le territoire belge. Cependant le caractère tabou de la chose ne permet pas de regrouper des preuves quant au bien-fondé de ces dires. On ne peut donc pas certifier que l’excision est pratiquée en Belgique, bien qu’il y eu quelques plaintes en 2009 et 2010, qui ne furent pas poursuivies.
S’il n’est pas sûr que l’excision soit pratiquée par certains en Belgique, il est avéré que des familles vivant en Belgique font exciser leur fille au pays ou qu’elles soient contraintes de le faire. Pour éviter cela, les parents disposent de plusieurs ressources: l’hyper protection (ne pas laisser la jeune fille seule en présence d’une grand-mère, tante…), la dissimulation (faire croire que la fillette a été excisée dans un hôpital en Belgique) ou encore, user de la menace en faisant référence à la loi belge.
En effet, depuis le 1er avril 2001, la loi belge a créé une loi spécifique en droit pénal (article 409 du code pénal) qui puni les auteurs de « mutilation des organes génitaux d’une personne de sexe féminin, avec ou sans son consentement ». Cette disposition extraterritoriale permet à la justice belge de poursuivre en sur son territoire toute personne ayant pratiqué une MGF sur mineure d’âge dans un autre pays.
En parallèle avec son action de tolérance zéro à l’égard des MGF, la Belgique peut octroyer le statut de réfugié aux demandeurs et demandeuses d’asile s’il existe un risque de mutilation pour la fillette ou la femme.
Si la remise en question de l’excision commence souvent dans le pays d’origine, c’est lors de l’arrivée dans le pays d’accueil que le changement des croyances se fait plus profondément. Cela s’explique aisément par le fait que dans le pays d’arrivée, les populations migrantes découvrent qu’ici la pratique des MGF est punissable et définie comme de la torture. Elles découvrent aussi leurs aspects néfastes (conséquences médicales). Cependant, le risque demeure toujours parmi certains migrants compte tenu de l’importance de perpétuer la tradition.
Critique
L’auteure fait en quelque sorte un état des lieux sur la problématique de l’excision en contexte migratoire. Après nous avoir donné un aperçu général sur la manière dont l’enquête a été conduite, l’auteure explore différents thèmes divisés en chapitres. Si la question de la migration apparaît dans plusieurs d’entre eux, le cas de la Belgique francophone n’est abordé que dans le quatrième chapitre. On peut expliquer ceci par le manque de données valables dont dispose la communauté française.
Avis personnel
Compte tenu du peu de données disponibles, l’auteure n’a pas pu nous donner beaucoup de renseignements sur l’excision et la migration en Belgique francophone. Peut-être aurait-il été plus pertinent d’étudier l’excision et la migration sur l’ensemble de la Belgique.