Généralités Les données fiables sur les conséquences obstétricales des mutilations génitales féminines sont rares. L’étude porte sur les effets des différents types de mutilations sur le devenir obstétrical des femmes.
Méthodes 28 393 femmes se présentant pour une naissance unique entre novembre 2001 et mars 2003 dans 28 centres d’obstétrique au Burkina Faso, au Ghana, au Kenya, au Nigéria, au Sénégal et au Soudan, ont été examinées avant l’accouchement pour vérifier si elles avaient subi des mutilations ou pas, et ont été classées selon le système de l’OMS : mutilation de type I, excision du prépuce, avec ou sans excision partielle ou totale du clitoris ; mutilation de type II, excision du clitoris, avec excision partielle ou totale des petites lèvres ; mutilation de type III, excision partielle ou totale des organes génitaux externes et suture ou rétrécissement de l’orifice vaginal (infibulation). Des informations prospectives sur les facteurs démographiques, sanitaires et génésiques ont été recueillies. Les participantes et leurs nouveau-nés ont été suivis jusqu’à la sortie de la mère de l’hôpital.
Résultats Par comparaison avec les femmes n’ayant pas subi de mutilations, les risques relatifs ajustés de certaines complications obstétricales étaient, chez les femmes ayant eu une mutilation de type I, II ou III, respectivement les suivants : césarienne 1,03 (IC 95 % 0,88–1,21), 1,29 (1,09–1,52), 1,31 (1,01–1,70) ; hémorragie du postpartum 1,03 (0,87–1,21), 1,21 (1,01–1,43), 1,69 (1,34– 2,12); hospitalisation prolongée de la mère 1,15 (0,97–1,35), 1,51 (1,29–1,76), 1,98 (1,54–2,54) ; réanimation du nouveau-né 1,11 (0,95–1,28), 1,28 (1,10–1,49), 1,66 (1,31–2,10), naissance d’un mort-né ou décès néonatal précoce 1,15 (0,94–1,41), 1,32 (1,08–1,62), 1,55 (1,12–2,16) et faible poids de naissance 0,94 (0,82–1,07), 1,03 (0,89–1,18), 0,91 (0,74–1,11). La parité ne semble pas influer de manière significative sur ces risques relatifs. On estime que les mutilations génitales féminines entraînent une surmortalité périnatale de un ou deux décès pour 100 accouchements.
Interprétation Les femmes qui ont subi des mutilations génitales féminines ont une probabilité nettement plus élevée de complications obstétricales que celles qui n’en ont pas subi. Il semble aussi que le risque augmente avec l’ampleur de la mutilation.