Compte-rendu de lecture: Belle Mère sanglante

Lecture faite par Marie De Brouwere, coordinatrice des SC-MGF
Genre BD
Public Tout public
Notions clefs Excision – loi – Burkina Faso

imagesRéférence

Kafando Mady, 2013, Belle Mère sanglante, Harmattan Burkina, Burkina Faso.

Situer l’auteur

Mady Kafando auteur, dessinateur, caricaturiste autodidacte burkinabé. Il a été caricaturiste au journal L’Intrus. En 1998, il conçoit 3 BDs en langue moré qui seront éditées en 2001 par l’Organisation International de la Francophonie (OIF). Mady Kafando a été plusieurs fois lauréat de la semaine de la culture, dans la catégorie bande dessinée, dont il remporte le premier prix en 2006. 

Déterminer le sujet

A travers l’organisation de l’excision d’une enfant, Mady Kafando rappelle la loi contre l’excision au Burkina Faso et les conséquences qui y sont liées tant pour les victimes que pour les personnes ayant pratiqué l’excision. 

Résumé

Yaba, la grand-mère, visite sa fille, à Ouagadougou (la capitale), afin de la convaincre de la laisser organiser l’excision de sa petite-fille, Koumbou. Yaba, après avoir « contré » les arguments de sa fille, la décide à envoyer sa petite-fille au village pour y passer les « vacances », argument qui devrait permettre de ne pas éveiller les soupçons du père de l’enfant.

Peu après l’arrivée de Koumbou au village, Yaba réunit ses complices de longues dates afin d’exciser sa petite-fille. Mais l’excision se passe mal, la petite se débat et est gravement blessée. Après avoir épuisé les remèdes traditionnels, la grand-mère décide de recourir au marabout du village pour déterminer qui est l’auteur du sort jeté à Koumbou.

Un homme avait assisté à la scène de l’excision. Constatant que la petite ne récupère pas et que la grand-mère ne l’amène pas à l’hôpital, il décide de remuer ciel et terre pour essayer de sauver la vie de l’enfant. 

Critiques

Les plus

La BD met en scène la pratique tenace de l’excision malgré l’existence de la loi burkinabée, du système mis en place (numéro d’appel « SOS excision »), et des conséquences pénales encourus par les auteurs.

Par des arguments en faveur et contre la tradition, Mady Kafando rappelle l’ancrage profond de la pratique, la manière dont elle se poursuit, tout en mettant l’accent sur la responsabilité de chacun (parents, exciseur, marabout, chef de village, professeur, police, etc.) dans la perpétuation ou l’arrêt de l’excision.

Les moins

Le texte n’est pas un texte adapté au style des BDs: les dialogues sont parfois très longs. Il faut se faire au style des dessins qui ne permettent pas toujours de tout de suite identifier le sexe de la personne qui parle. De plus, il s’agit d’une bande dessinée écrite en français. Cela pose donc question par rapport au public visé – des personnes lettrées, parlant français, susceptibles d’investir dans l’achat de livres/bandes dessinées. Est-ce que la forme et le canal choisis permettent réellement de toucher le public cible ?

L’auteur est caricaturiste et cela se sent, notamment dans la manière de présenter les rôles des différents personnages : marrabout, chef de village, enseignant, police, etc. 

Avis

Cette BD est de la propagande pour la loi burkinabé. En la mettant en image, elle peut toucher un plus large public. Elle pourrait être utilisée au niveau des écoles, à informer les élèves de la loi sur l’excision, de ses conséquences et de l’existence du numéro « SOS Excision ».

Je regrette cependant la caricature faite des différents rôles traditionnels. Et je m’interroge sur l’intention de l’auteur par rapport à cela.